L’Incoronazione di Poppea

C. MONTEVERDI

C. Monteverdi

L’incoronazione di Poppea

Opéra en un prologue et trois actes

Version de Venise – 1650

Damien Guillon, Direction musicale & clavecin

Catherine Trottmann, Poppea
Ray Chenez, Nerone
Victoire Bunel, Ottavia -Virtù
Paul-Antoine Benos-Djian, Ottone

Adrien Mathonat, Seneca, Console
Paul Figuier, Arnalta – Nutrice – Famigliare 1
Maïlys de Villoutreys, Fortuna – Drusilla
Camille Poul, Amore – Valetto

Sebastian Monti, Lucano – Soldato 1 – Famigliare 2
Thibault Givaja, Liberto – Soldato 2
Yannis François, Famigliare 3 – Mercurio

**

Ted Huffman, Mise en scène

Antonio Cuenca Ruiz, Dramaturgie

Johaness Schütz, Décors, concept original

Anna Wörl, Décors, adaptation

Astrid Klein, Costumes

Pim Veulings, Collaborateur aux mouvements et maître d’armes

Bertrand Couderc, Lumières

* Tivoli Vredenburg & MC2: Grenoble (version de concert)

Production : Festival d’Aix-en-Provence

Coproduction : Opéra de Rennes, l’Opéra de Valence (Espagne), l’Opéra de Toulon et l’Opéra de Cologne (Allemagne)

Soutenu par l’ADAMI

 

Le Couronnement de Poppée (L’incoronazione di Poppea) est le dernier opéra composé par Claudio Monteverdi (1567-1643). Cet ouvrage a été écrit à la fin de sa vie, lorsque le compositeur était maître de chapelle à la basilique Saint-Marc de Venise. Conçu cinq ans après l’ouverture du premier théâtre public dans la Sérénissime, il est créé au Teatro Santi Giovanni et Paolo à la fin de l’année 1642 – ou au début 1643. Un certain nombre d’incertitudes demeurent en effet autour de la création de l’ouvrage, dont il ne reste que deux partitions posthumes : l’une retrouvée à Venise et sans doute copiée à l’occasion d’une reprise en 1646, et l’autre découverte à Naples, datant de représentations données en 1651. Ces deux partitions, divergentes en de nombreux points, dérivent d’une source plus ancienne et témoignent de l’intervention de plusieurs autres compositeurs que Monteverdi, sans que l’on sache si ceux-ci ont collaboré dès la création de l’œuvre, ou s’ils sont intervenus au gré des différentes reprises, après la mort du compositeur. Toujours est-il que Le Couronnement de Poppée a ensuite connu un sommeil de 300 ans avant d’être redécouvert au début du XXe siècle et de s’imposer lentement mais sûrement dans le répertoire courant des théâtres du monde entier.

SUJET

Inspiré des Annales de Tacite (livre XIV) narrant l’histoire romaine, le livret de Francesco Busenello est parfaitement représentatif du goût des Vénitiens pour des opéras tragicomiques sur des sujets antiques. Ce livret d’une grande modernité met en scène les amours adultérines de l’empereur Néron et de la belle et ambitieuse Poppée, sur fond d’intrigues de palais et de commentaires ironiques de personnages hauts en couleur (nourrices rouées, valets impertinents, etc.). Poppée, toute à son rêve de devenir impératrice, intrigue afin de parvenir à ses fins. Elle écarte son époux, le général Othon, et obtient de Néron qu’il ordonne la mort du philosophe Sénèque. Quant à l’impératrice en titre, Octavie, elle se compromet en ourdissant l’assassinat de Poppée – parfait prétexte pour Néron, qui la répudie et la condamne à l’exil. À la fin de l’opéra, l’immoralité triomphe : Poppée devient impératrice.

PARTITION

Comme tous les opéras créés à Venise au XVIIe siècle, et à l’instar du Retour d’Ulysse du même Monteverdi, Le Couronnement de Poppée met en scène une galerie de personnages variés : souverains, divinités, vieilles nourrices et allégories se côtoient pour donner à l’intrigue ses couleurs bariolées et déployer sur la scène baroque les passions les plus diverses, de la grandeur tragique de l’impératrice aux railleries du valet. Le recitar cantando (réciter en musique) permet de donner urgence et théâtralité aux dialogues. Il constitue le matériau musical dominant de la partition, parfois élargi aux dimensions d’un arioso lyrique ou d’une aria éventuellement virtuose, généralement ponctuée de courtes ritournelles instrumentales. Dans un souci de rationalisation des coûts, la partition était réalisée par un orchestre réduit (une dizaine d’instruments). Le Couronnement de Poppée dénote l’évolution de l’opéra vénitien : son intrigue a recours pour la première fois à un argument historique, ses airs sont plus nombreux que dans les ouvrages précédents et l’ouvrage accorde une large place à un cynisme qui s’exprime jusque dans son finale dénué de moralité. Par ailleurs, tous les ingrédients qui assureront leur succès aux ouvrages vénitiens y figurent : érotisme des duos Poppée-Néron, violence des rapports, travestissements divers, humour des personnages populaires, ambivalence généralisée (Néron est à la fois détestable et séduisant, Sénèque bienveillant et sentencieux, etc.). Par la richesse de son livret comme par la hauteur d’inspiration de la partition (mort de Sénèque, berceuse d’Arnalta, duo final, etc.), Le Couronnement de Poppée est considéré comme le premier grand chef-d’œuvre de l’histoire de l’opéra.

(source : Alain Perroux  Festival D’Aix en Provence)