L’orchestre Le Banquet Céleste dirigé par Damien Guillon insuffle une dynamique toute personnelle à cette musique. Le chef respecte la variété de l’instrumentarium voulu par Stradella comme l’orgue associé uniquement au Saint, est attentif à la richesse orchestrale des airs, souligne les dissonances, les frottements et retards qui fleurissent tout au long de cette partition. Une multitude de paysages contrastés se succèdent (…)
OlyrixSan Giovanni Battista
A. STRADELLA
Alessandro Stradella
SAN GIOVANNI BATTISTA
(1675)
Une production d’Angers Nantes Opéra et de l’Opéra de Rennes
Direction Musicale Damien Guillon
Mise en scène Vincent Tavernier
Scénographie Claire Niquet
Costumes Erick Plaza-Cochet
Lumières Carlos Perez
Salomé Alicia Amo
Hérodiade la mère Gaia Petrone
Hérodiade la fille Maïlys de Villoutreys
Saint Jean-Baptiste Paul-Antoine Bénos-Djian / Paul Figuier
Hérode Olivier Déjean / Damien Pass*
Le Conseiller Artavazd Sargsyan
Un soldat Thibault Givaja
Le Banquet céleste
Ce spectacle reçoit le soutien exceptionnel de la Spedidam, Société de perception et de répartition des droits des artistes-interprètes.
Co-production Opéra de Rennes et Angers Nantes Opéra avec le soutien des Conseil Régional de Bretagne et Pays de Loire.
Peu de compositeurs auront laissé dans la légende une empreinte aussi forte, et le cas de Stradella peut paraître paradoxal si l’on songe que, au XIXème siècle, son œuvre restait méconnue alors que le personnage devenait le héros de plusieurs opéras, parmi lesquels ceux de Friedrich von Flotow, de Louis Niedermeyer et du jeune César Franck.
La Rome baroque en représentation
Par son œuvre, Stradella est bien le musicien de la Rome baroque, celle du Bernin et de Borromini. Mais il est aussi à la croisée des chemins et des époques, à la croisée du théâtre lyrique et du drame sacré, puisque se rencontrent dans sa production, et tout particulièrement dans Saint Jean-Baptiste, le grand oratorio romain hérité de Carissimi et l’opéra vénitien de Cavalli – un compositeur dont il se souvint en signant, sous le titre de Il novello Giasone, une nouvelle version de son opéra le plus célèbre. Et Stradella est proche aussi de la génération suivante, celle des Scarlatti et de Haendel. Avec lui, les formes lyriques s’épanouissent dans un dynamisme très neuf, porté par le développement de nouveaux genres instrumentaux, particulièrement le concerto grosso qu’il a sinon créé, du moins codifié. Dans son style vocal comme dans son écriture pour l’orchestre, la musique de Stradella se caractérise par une vivacité, une expressivité, une humanité profonde. Avec lui comme avec Caravage ou Rembrandt, on a l’impression de voir l’homme baroque se mettre lui-même en scène et faire du théâtre la représentation du monde qui l’entoure, celui de la Rome pontificale dans le cas de Saint Jean-Baptiste.
L’ouvrage
C’est en église San Giovanni dei Fiorentini qu’eut lieu, en 1675, le dimanche de la Passion la première de San Giovanni Battista. L’oratorio de Stradella fut ensuite joué à Modène et Florence, et les directives de régie que contient le livret de Modène laissent supposer qu’il était bien présenté dans une version scénique.
Le livret de ce Saint Jean-Baptiste est signé d’un curé sicilien, Ansaldo Ansaldi, qui s’en tient aux récits contenus dans les Evangiles. La jeune fille s’appelle ici Erodiade la figlia, par opposition à Erodiade la madre.
L’action met en mouvement certaines des images qui compostent l’iconographie traditionnelle de Jean-Baptiste et de Salomé et se concentre sur les quatre personnages du récit biblique, auquel n’est ajouté que celui d’un conseiller d’Hérode.
Si l’œuvre avait remporté un véritable succès en 1675, c’est en 1949 seulement que Saint Jean-Baptiste fut exhumé des bibliothèques où dormaient les partitions. L’évènement se passait à Pérouse et le rôle de Salomé était tenu par Maria Callas.
Alain SURRANS